mardi 9 avril 2013

Chapitre 25 - Occupy London


(Pour commencer ce post dans l'originalité...)

Avant de vous raconter le rapport avec moi, un peu d'Histoire pour planter le background (ce sera très rapide, je vous assure). Tout a commencé par une occupation des marches de la Cathédrale Saint Paul en 2011 pour protester contre les dérives du capitalisme qui ont causé la crise actuelle. Ce mouvement, baptisé "Occupy London", s'est par la suite pérennisé : Occupy London possède un site internet où on trouve l'histoire du mouvement, sa profession de foi, les conférences organisées, des podcasts... Tout ça dans le but de susciter le débat. Ses membres organisent notamment (c'est là qu'on en vient au sujet de ce post) des visites guidées de Londres gratuites : visites de la City, de Canary Wharf, et de Mayfair. 
Ce sont mes parents qui m'en ont parlé : ils avaient entendu un reportage sur France Info là-dessus et m'ont conseillé d'aller y faire un tour. J'avais checké les dates des visites et les membres de Occupy London en organisaient justement une samedi dernier (le 6 avril) dans la City, lieu emblématique de la finance londonienne... Il faisait beau (chose assez rare pour être mentionnée), j'ai sauté sur l'occasion. 
J'ai beaucoup aimé cette visite et je la recommande à tous ceux qui auraient l'occasion d'y aller. Le ton de la visite est très engagé à gauche bien sûr, mais les organisateurs sont très drôles, et on apprend plein d'anecdotes sur l'histoire de Londres et de la City, aussi vous apprécierez la ballade quelles que soient vos opinions politiques. 

J'ai retrouvé le groupe sur les marches de Saint-Paul. Pas difficile à trouver : quelqu'un agitait un parapluie rose à pois multicolores sur les marches : quand il n'y a pas un nuage dans le ciel, ça ne peut pas se rater.  



Etape 1 - Temple Bar Gate

Premier arrêt à Temple Bar Gate, la porte qui marquait autrefois la limite entre Strand et Fleet Street (et qui a été déplacée à côté de Saint-Paul au 19ème siècle, parce que les autorités de la ville voulaient élargir Fleet Street  tout en conservant ce monument historique). 


Derrière on peut apercevoir le London Stock Exchange. 


Vous vous doutez qu'ils n'étaient pas tendre avec cette institution... Ils ont évoqué la City of London Corporation, l'obscure entreprise qui dirige la City dans l'ombre et dont ils nous ont reparlé dans la suite de la visite... Ils citent Clement Attley, Premier Ministre de la Grande Bretagne au sortir de la deuxième guerre mondiale : "over and over again we have seen that there is in this country another power than that which has its seat at Westminster". Vous voilà dans l'ambiance de la suite de la visite... 



Etape 2 : Les jardins de Saint-Paul

Là se tenait autrefois Saint Paul's Cross, un forum où le public venait débattre des nouvelles du jour, des questions nationales, les orientations de la vie publique, etc. Un forum démocratique dont l'existence remontait au 13ème siècle qui a apparemment fini par être fermé par les puissants de la ville, qui préféraient bien sûr tenir leurs propres salons fermé au peuple (cette partie est un peu vague, je n'ai pas tout compris...). 




Etape 3 : Bow Church, sur Cheapside 

(Après être passés devant des magasins de chaîne, comme Boots, avec la remarque inévitable sur ces entreprises qui font d'énormes bénéfices et vont délocaliser leurs boîtes aux lettres en Suisse ou ailleurs pour ne pas payer d'impôts).


On a droit à une célèbre comptine anglaise très joyeuse, qui d'après les organisateurs du tour illustre bien la mentalité de la City : 

Oranges and lemons,
Say the bells of St. Clement's.

You owe me five farthings,

Say the bells of St. Martin's.



When will you pay me?

Say the bells of Old Bailey.


When I grow rich,

Say the bells of Shoreditch.


When will that be?

Say the bells of Stepney.


I do not know,

Says the great bell of Bow.


Here comes a candle to light you to bed,

And here comes a chopper to chop off your head!

Un peu de vocabulaire : to chop off = couper,  chopper = couperet. Bref, n'allez pas réclamer votre argent à Bow Church si vous tenez à votre tête...
Ils nous ont raconté la fameuse histoire de Dick Whittington, très célèbre conte anglais. D. W., c'est un peu le cas typique du self-made man à l'anglaise : il part de rien, et il finit maire de la City. Dans le conte, il est pauvre et orphelin, décide d'aller à Londres où, d'après la rumeur, les rues sont pavées d'or. Manque de pot, quand il arrive, il s'aperçoit que la rumeur était fausse. Résultat : il est toujours aussi pauvre qu'avant, affamé et épuisé en plus. Il s'endort sur le pas de la porte de Mr. Fitzwarren, qui par chance est un riche marchant très généreux qui accepte de le prendre sous son aile et lui offre un travail en cuisine. Seul problème : la chambre qu'on lui attribue est pleine de rats (on ne peut pas tout avoir dans la vie...). Un jour, il gagne un peu d'argent en cirant les chaussures de quelqu'un de riche et, suite à son problème de rat, s'achète un chat. Grâce à cela, il peut dormir la nuit et commence à être satisfait de son sort. Jusqu'à ce que Mr. Fitzwarren annonce qu'il envoie un bateau faire du commerce très loin, et qu'il autorise ses serviteurs à y mettre quelque chose qui leur appartient et qu'ils peuvent échanger contre de l'or. Comme Dick est pauvre, il décide d'y envoyer son chat (il est précisé dans la fable qu'il est triste de cet état de fait, mais pas suffisamment apparemment pour décider de le garder). Ensuite les jours se suivent et se ressemblent, sa vie lui devient de plus en plus insupportable parce que le cuisinier lui mène la vie dure, donc il décide de s'enfuir. Mais là, les cloches de Bow Church retentissent et lui disent (oui oui, ce sont des cloches qui parlent) : "Turn again Whittington, thrice [trois fois] Mayor of London". Et il décide de suivre leur conseil (il n'y a que dans les contes que personne ne s'inquiète de voir les cloches devenir diseuses de bonne aventure...). Il rentre et là oh surprise, le bateau de son maître est revenu au port, et il se trouve que son chat a été vendu une fortune à un roi quelconque dont le palais était envahi de souris. Une fois riche, il est un peu moins triste d'avoir vendu son compagnon félin, il épouse la fille de Fitzwarren (tant qu'à faire) et devient trois fois maire de Londres, comme les cloches l'avaient prédit.
Le plus drôle dans cette histoire est que Dick Whittington a vraiment existé, mais qu'il était fils d'un riche marchand, et pas du tout un pauvre lambda... Contrairement à ce que raconte cette légende, ne devient pas maire de la City qui veut.



Etape 4 - Mansion House

Passage obligé par Mansion House, la maison du maire de la City, devant laquelle j'avais déjà eu l'occasion de passer pour le Lord's Mayor Show auquel j'avais assisté en Novembre. Petit rappel : la City a un statut particulier (notamment possède sa propre police). Le Lord Mayor a beaucoup de pouvoir et d'influence. Son rôle est de promouvoir les intérêts de la City au niveau national et international. Il est à la tête de la City of London Corporation, qui gère la City. Il est officiellement apolitique mais conseille le gouvernement, d'après le site de City of London Corporation (pas du tout contradictoire...). Vous pouvez lire le CV de l'actuel Lord Mayor à l'adresse suivante :

http://www.cityoflondon.gov.uk/about-the-city/who-we-are/lord-mayor-and-chairmen/the-lord-mayor-of-the-city-of-london/Pages/Biography.aspx

On apprend notamment qu'il aime la musique, les arbres (?), être dehors, l'argent. Intéressant.
Les organisateurs précisent qu'il y a à l'intérieur un vitrail qui commémore le meurtre d'un paysan par le Lord Mayor Walworth pendant la révolte des paysans au 14ème siècle.


Les principaux ministres viennent apparemment régulièrement faire des discours à Mansion House, ce qui vous montre l'influence du Lord Mayor... On a eu droit à des citations de Ministres qu'ils ont collé sur la porte du Lord Mayor ensuite. Curieusement, personne n'a cherché à nous arrêter...


Mes préférés :
-"Many who advised me favoured a regulatory crackdown. I believe that we were right not to go down that road... and to build upon our system of light-touch regulation...", Gordon Brown en 2006.
-"I congratulate you Lord Mayor and the City of London on these remarkable achievements, an era that history will record as the beginning of a new golden age for the City of London.", Gordon Brown 2007.
-"The truth is that, globally and nationally, we should have been regulating them more", Gordon Brown 2010.
Oups.



Etape 5 - Bank

J'ai été surprise d'apprendre que les mots bank (banque) et bankrupt (faillite) viennent des mots italiens banca et bancarotta. Pourquoi l'italien ? Parce qu'au moment de la Renaissance, le centre de la finance se trouvait en Italie. Banca désigne, si j'ai bien compris, le centre d'une table où les financiers comptaient leur argent. Rotta signifie cassée. Vous saisissez l'idée...
On nous a aussi parlé de Thomas Gresham, un marchand et financier très influent du 16ème siècle, qui a créé la Bourse : il l'a fait construire avec son propre argent (sur un terrain offert par la famille royale à sa demande). La reine Elizabeth en a fait la Bourse Royale et s'est faite représentée sur le frontispice. La construction de ce bâtiment a marqué les débuts de la finance en Angleterre.
A côté de la Bourse, la Bank of England, qui a joué un rôle important dans l'histoire Britannique. Elle a apparemment servi a financer le commerce d'esclaves au 18ème siècle, et aurait d'après les organisateurs du tour joué un rôle important dans la victoire du Duc de Wellington à Waterloo en finançant l'armée britannique.
Un personnage trouble qui a joué un rôle important dans cette institution : Montagu "Monty" Norman.


Il était à la tête de la Banque d'Angleterre notamment pendant la Seconde Guerre Mondiale. Curieux personnage, qui souhaitait apparemment renforcer les liens entre les banques centrales pour court-circuiter les gouvernements. Il était en faveur de relations pacifiques entre l'Allemagne et l'Angleterre, et d'après les organisateurs du tour a fait beaucoup de lobby auprès du gouvernement à l'époque pour ralentir le réarmement britannique, ce qui aurait failli coûter la guerre à la Grande-Bretagne. Il aurait également continué à soutenir les Nazis même après que les Britanniques leur aient déclaré la guerre en les finançant. Pour autant, il est resté à la tête de la Banque jusqu'à sa retraite en 1944... Ce n'est que récemment, si j'ai bien compris, que son rôle pendant la guerre a été questionné par les historiens.

Petite pause ici dans cette plongée dans l'histoire londonienne. Je me suis faite interrogée par une journaliste canadienne pour une quelconque radio québécoise. Elle a vu que je prenais des notes (je notais le plus de noms et d'anecdotes possibles avant de pouvoir vous faire vivre cette visite comme si vous y étiez), et m'a demandé pourquoi. Je lui ai dit que je tenais un blog (ce qui sonnait incroyablement prétentieux, genre "je suis une graaaaaaaaande journaliste de la toile" alors que je poste deux-trois articles sur ma vie de temps en temps lus par 4 personnes tout au plus). Si ça se trouve, je vais devenir une super star au Québec, puis ma renommée va arriver jusqu'aux oreilles de Sa Majesté (qui, rappelons-le, est reine du Canada), et elle va m'inviter à prendre le thé à Buckingham un de ces quatre ?


(On peut rêver, non ?)



Etape 6 - Guildhall


Guildhall est un des organes vitaux de la City, puisque c'est le siège de la City of London Corporation (CoLC). Etrange, mais personne ne connaît la date de création de cette institution. Elle apparaît du temps de Guillaume le Conquérant, mais était déjà une institution puissante à l'époque, donc on peut supposer que sa fondation est antérieur. Et elle a su se tailler une place de choix dans la politique britannique au fil de l'Histoire... Je crois que c'est l'aspect le plus intéressant de cette visite. Je connaissais le Lord Mayor, mais je n'avais jamais entendu parler avant cette visite de la CoLC, alors que c'est une institution très importante au niveau londonien et national, qui tire les ficelles dans l'ombre...
Voici l'organigramme (ce n'est pas moi qui l'ai fait, non) :


Pour devenir Lord Mayor, il faut d'abord être sheriff (et aussi riche, allez savoir pourquoi...), et avant ça alderman. Pour devenir alderman, il faut obtenir le statut de freeman : il faut être nommé par les alderman, ce qui requiert de rejoindre ce qu'ils appellent une livery company. Bref, tout cela pour dire que c'est un système compliqué et surtout opaque.
Pire : 3/4 des votes pour l'élection du Lord Mayor appartiennent à des compagnies privées, et pas à des citoyens. Les multinationales ont le droit de vote dans les élections de la City.
C'est purement et simplement une zone où ne s'appliquent pas les règles qui gouvernent le territoire britannique, sur laquelle le Parlement n'a aucun pouvoir. Le sujet pourtant ne fait pas objet de débat politique, alors qu'il paraît aberrant qu'une telle institution puisse exister au sein d'une démocratie...
C'est là que la citation de Attlee en début de visite prend tout son sens.
Si le sujet vous intéresse, j'ai trouvé un article assez complet du Guardian qui date de 2011 :
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2011/oct/31/corporation-london-city-medieval



Etape 7 - Chicago School of Economics (filiale londonienne)

Petit rappel sur les deux grands théoriciens économiques de la première moitié du XXème, Keynes (partisan du financement de l'économie par l'Etat pour stimuler la croissance) versus Friedman (l'Etat ne doit pas intervenir mais au contraire déréguler).
On a laissé un petit dessin à la craie en partant :





Etape 8 - Deustsch Bank

On a eu droit à de la théorie économique pure et dure, je n'ai pas tout compris (déjà que l'économie ce n'est pas mon truc, alors en Anglais...). On a eu un petit résumé de la crise des subprimes (je vous passe les détails), et ils ont tracé par terre ceci (âmes littéraires s'abstenir) :


Vous ne comprenez rien ? Tant mieux, moi non plus. En gros, ça dit que sur les marchés financiers, les risques sont répartis sur tout le monde, donc personne ne court de risque, donc une crise financière majeure ne peut pas se produire. Bref, encore une théorie économique très abstraite qui au final s'est révélée complètement à côté de la plaque.
Petite anecdote amusante : un trader de la Deustsche Bank a écrit en 2005 une chanson sur les CDOs (ces actions toxiques qui sont à l'origine de la crise actuelle). Qui a dit que les traders n'étaient pas des gens sympathiques avec un grand sens de l'humour et du second degré ?
La chanson originale ("Ice Ice Baby" par Vanilla Ice) :


Les paroles écrites par le trader :


Yo vip let's kick it!
C D O oh baby, C D O oh baby
All right, stop, collaborate and listen
Spreads are wide with a technical invasion
Home Eq Subs were trading so tightly
Until Hedge Funds Bot Protection daily and nightly
Will they stop? Yo I don't know
Turn up the Arb and let's go
To the extreme Macro Funds do damage like a vandal
Now, BBBs are trading with a new handle
Print, even if the housing bubble looms
There are never ends to real estate booms
If there is a problem, yo, we'll solve it
Check out the spreads while my structurer revolves it
C D O oh baby, C D O oh baby


Les organisateurs du tour nous on fait chanter ça devant la Deustsche Bank. On pouvait voir les gardes à l'intérieur qui n'étaient visiblement pas très contents qu'on soit là...



Etape 9 - British Bankers Association

Association qui regroupe près de 200 banques depuis les années 90, s'assure selon l'expression des guides que "l'industrie bancaire ne soit pas trop régulée" et que "les banquiers soient payés suffisamment". Selon l'expression consacrée, cette organisation "défend l'indéfendable" et est actuellement impliquée dans un scandale de manipulation des marchés.



Etape 10 - Royal Bank of Scottland

La visite se terminait là car cette banque selon les guides est emblématique de ces banques qui ont pris des risques insensés pour faire des profits et se sont ensuite fait renflouées avec l'argent du contribuable.
La banque se trouve à Liverpool Street, à la limite Nord-Est de la City. A côté commence le borough (qu'on pourrait approximativement traduire par arrondissement) de Tower Hamlets, qui est d'après les guides l'un des quartiers les plus pauvres de Londres et qui a le plus souffert de la crise. C'est Londres : en trois pas on peut passer à deux univers complètement différents. Je ne sais pas si j'arriverai à m'y faire un jour...



Conclusion

Non pas une conclusion en bonne et due forme, simplement l'occasion d'encourager encore une fois ceux qui auraient l'occasion d'aller à l'un de leur tour de le faire. J'ai été au tour de la City, d'après leur site internet il est plus axé sur l'histoire de Londres que les tours de Canary Wharf et Mayfair, je ne sais donc pas si ceux-ci sont aussi intéressants.
J'ai essayé de rendre le plus fidèlement possible ce qui a été dit dans la visite (j'ai fait beaucoup de recherches pour vérifier et approfondir ce que j'avais pris en note). Je suis passée rapidement sur les parties"économiques" (crise des subprimes, théories) : ce n'est pas ce qui m'intéresse, et vous non plus sans doute (sinon vous vous êtes trompé de blog...).

Pour ceux qui voudraient en savoir plus, ou participer à un des "Tour" qu'ils organisent : 

lundi 8 avril 2013

Chapitre 24 - Rendez-vous en terre inconnue

Pour me reposer de ces dernières semaines éprouvantes (si si, je vous assure), je suis allée dans un terre lointaine et étrange... 


L'Ecosse ! 
(Ci-dessus, les vaches nationales, qui sont absolument adorables. je n'en ai pas vu de mes propres yeux, sinon j'en aurai ramené une à Londres).
Comme si le weather avait synchronisé son calendrier avec le mien, aussitôt que j'ai été en vacances, il a commencé à faire beau (le fameux micro-climat écossais). 
Je suis donc allée passer cinq jours en Ecosse cette semaine chez mon Eloïse préférée, qui m'a traitée comme une vraie princesse (si tu lis ces lignes Eloïse, merci encore pour tout !). J'ai pu découvrir cet endroit si mystérieux pour le londonien qu'on appelle l'Ecosse... 
Bon, l'expérience n'a pas non plus été trop extrême, étant donné que j'ai refusé d'essayer la nourriture locale, à savoir le haggis (ils font même du haggis au bacon... Beurk), et la pizza frite (= pizza entourée d'une friture et plongée dans l'huile bouillante... Bon appétit). Pour l'anecdote, apparemment les guides écossais s'amusent  à faire croire aux touristes qui demandent de quoi est composé le haggis que c'est un animal (et d'après l'ami Wikipédia, c'est une croyance tenace parmi la population touriste en mal de folklore). La bête en question ressemblerait à ça, d'après Google Image : 


Maintenant que vous voilà dans l'ambiance, mettez en fond sonore votre chant de musique préféré (comment ça vous n'en avez pas ???) et suivez-moi dans le récit de mes aventures en territoire hostile écossais...



Jour 1 - Glasgow

Le premier jour, après avoir posé mes valises chez Eloïse (parce que comme je suis incapable de voyager léger, j'avais 1 valise et 2 sacs pour 5 jours, haha), nous sommes allées faire un tour du côté de l'université de Glasgow (qui est celle où étudie Eloïse, la plus ancienne et la plus prestigieuse). Le bâtiment date du 14ème siècle, et est tout simplement magnifique. 


Glasgow est (d'après Eloïse, mon Wikipédia écossais) la troisième ville du Royaume-Uni en terme de population ; cependant tout ce qu'il y à à voir/ à faire est très concentré, ce qui donne un peu l'impression que Glasgow est une ville-campus. On s'est aussi promenées dans un parc où il y avait de grandes serres (et à l'intérieur il faisait CHAUD, j'aurais pu y passer la journée). Glasgow est une grande ville, sans pour autant être une ville oppressante... ça change de Londres, et ça m'a vraiment reposé après le tumulte londonien. 
J'ai eu droit à une visite dans le musée des horreurs de la fac, où sont conservés les donations faites par les anciens élèves. Entre deux squelettes de dinosaures, on peut observer un foetus dans du formol, ou des créatures étrangement difformes dans des bocaux : 


Folklorique. 



Jour 2 - Glasgow rebelote

Les indigènes ont un accent bizarre; j'ai eu très peur de ne pas me faire comprendre à cause de mon bel accent British (on peut rêver, non ?). Autre étrangeté : l'Ecossais a ses propres billets. En fait, chaque banque écossaise édite ses propres billets, il y a donc plusieurs billets différents pour une même valeur en circulation. Et le pire, c'est que bien que les billets de Sa Majesté soient valable en Ecosse, l'inverse n'est pas réciproque... Allez comprendre (Logic Lane, le retour). 

Bref, revenons-en à nous vaches écossaises. Le mardi nous avons été visiter Glasgow encore. On a commencé par un grand parc avec une serre (différent de celui de la veille). 


Remarque de Parisienne : "Eh, ils ont copié l'Arc de Triomphe !!!"
J'ai appris que dans ce parc aurait lieu à la fin de l'année... Les championnats du monde de cornemuses. Je passe sur le non-sens de la chose : c'est un peu comme les championnats du monde de la pétanque à Marseille. Si vous voulez mes pronostics, je pense que l'Ecosse a des chances de l'emporter cette année...

On est allées voir une belle Cathédrale ensuite.


J'ai été ravie, parce que le curé/pasteur (je ne suis pas très versée dans la religion...) qui nous a accueilli... Portait un kilt sous sa soutane !!! J'étais satisfaite de voir que les gens respectent les traditions. 
Les Ecossais sont des gens pratiques : ils ont construit côté à côté un hôpital, une église, et un cimetière (ça vous en dit long sur l'efficacité de la médecine à l'époque). L'étape suivante a donc été le cimetière, alias la Necropolis, dont le principal intérêt est de surplomber Glasgow.



J'ai été frappée de constater à quel point les Ecossais aimaient les obélisques : il y en avait sur toutes les tombes. Le goût de l'exotisme, sans doute. 


Maintenant, si vous le voulez bien, jouons à un petit jeu (vous ne pourrez pas dire que ce blog n'est pas divertissant). Trouvez l'anomalie : 


L'épouse de Mr. Smith a vécu entre 1732 et 1879, soit... 147 ans. Donc soit la qualité de vie à Glasgow est exceptionnelle (le haggis et la pizza frite ont, contre toute attente, des vertus curatives insoupçonnées), auquel cas je pars m'installer là bas, soit Glagow compte un nombre anormalement élevé de vampires et de zombies, auquel cas je pars m'installer là bas, soit c'est une erreur.
(L'hypothèse deux à ma préférence). 

Et pour se remettre de toute cette marche à pied, on est allées se poser dans un tea room adorable, qui était décoré façon "je vais rendre visite à ma grand-mère anglaise". 



Bref, laissons-là ces considérations culinaires. 

Il y a beaucoup de street art à Glasgow (est-ce que cette expression existe ?), j'ai beaucoup aimé : 


Je ne sais pas si c'était fait exprès, mais le panda derrière les poubelles, tout un symbole...





Celui-là est un peu déprimant...


La Joconde à l'heure de Glasgow... (Le Irn Bru est un soda qu'ils affectionnent particulièrement  en Ecosse apparemment). 

En matière d'excentricité, Glagsow n'a rien à envier à Londres. 
J'ai personnellement été très intriguée par le caddy accroché sur la grille du centre culturel.


Sûr que je pourrais faire exposer ça à la Tate. Ce caddy renversé est très clairement une dénonciation cynique de la consumérisation de la culture. 
(Ou alors, c'est juste un caddy accroché à une grille). 


Celui-là aussi est pas mal. Le coup de la statue avec un plot sur la tête, on ne me l'avait encore jamais faite. On dirait une version écossaise de Very Bad Trip. 

Et pour finir, devinez quel instrument j'ai entendu ? 


Si vous avez pensé "cornemuse", perdu. C'est ce qu'on appelle un contre-cliché. Je me suis engagée à poster cette photo sur ce blog suite aux critiques d'Eloïse, qui trouvait que je réduisais la culture écossaise à des gens en kilt qui jouent de la cornemuse.
(Et maintenant, je peux vous bombarder de photos de kilt et de cornemuses la conscience tranquille, mon devoir envers le peuple écossais est accompli).



Jour 3 - Edinburgh

J'ai beaucoup aimé Edinbourgh. Il y a la mer et la montagne, comme Glasgow c'est une ville reposante je trouve.
Mention spéciale (j'emploi beaucoup cette expression, non ?) aux statues locales.


Surtout celle-ci qui semblait dire "hey lady, wanna go for a ride ?"


Le Fabulous version écossais : le costume de guerre avec un kilt mais quand même viril et pas trop ridicule.

Comme la ville d'Edinbourgh est construite à flanc de montagne, on peut facilement avoir une vue panoramique de la ville. On est allées sur une colline où j'ai pu admirer le magnifique paysage.






Oh, une obélisque, quelle surprise !

Il y a sur cette colline des monuments qui commémorent les victoires de Trafalgar, Waterloo, etc, etc, etc (ils aiment bien commémorer les guerres que nous Français avons perdues). Détail très drôle : il y a sur la colline un monument inspiré de l'architecture de la Grèce Antique.


Apparemment, ils étaient tellement content d'avoir battu les Français qu'ils se sont mis dans la tête d'aller construire une reproduction du Parthénon (rien que ça...). Manque de pot, ils se sont aperçus après avoir planté trois-quatre colonnes qu'il n'y avait pas assez d'argent pour financer ça... Oups !

On a visité beaucoup de choses, on a bien marché, et j'ai pu avoir ma dose de folklore et de clichés...



J'étais très heureuse d'enfin voir les cornemuses (il m'avait fallu attendre trois jours !). Mais je me suis rapidement aperçue après quelques minutes que ça devenait rapidement INSUPPORTABLE. Parce qu'ils jouent pour les touristes toujours le même air en boucle... Le soir en me couchant, j'ai entendu l'air de cornemuse dans ma tête aussi distinctement que si quelqu'un en jouait à côté de moi, pendant cinq bonnes minutes... Creepy, je vous assure. J'ai repensé à des cours de Sciences Politiques où le professeur nous expliquait que les totalitarismes s'infiltraient tellement dans le moindre aspect de la vie quotidienne des gens qu'il envahit aussi les rêves... Ma dernière pensée avant de m'endormir a été "La cornemuse est un totalitarisme".
Enfin, laissons-là ces non-sens philosophiques et revenons-en au haggis.

J'ai visité le Parlement écossais, et j'ai failli me faire arrêter à l'entrée parce qu'ils ont passé mon sac au détecteur et qu'ils y ont trouvé une petite paire de ciseaux de couturière... Ils ont cru que je venais faire un attentat (dire que je venais innocemment m'informer sur la politique écossaise...).

Quelques interesting facts sur Edinburgh pour finir.

Interesting fact #1 : Il est possible de faire un "Ladies Pleasure Tours" axé sur la visite guidée des anciens "lieux de plaisirs" de la ville, par une charmante hôtesse déguisée en prostituée du 19ème siècle. Avis aux amateurs...


Interesting Fact # 2 : Greyfriars Bobby est un chien qui est resté 16 ans sur la tombe de son maître après le décès de ce dernier. On lui a érigé une statue (et un pub pour boire à sa mémoire of course) qui commémore sa fidélité.


Interesting Fact #3 :  J. K. Rowling a fait ses études à l'université d'Edinbourgh. C'est dans un pub local, The elephant house, qu'elle a écrit les premières lignes d'Harry Potter.


D'autres magasins surfent sur la vague...


Photo exclusive d'un magasin où elle n'est jamais allée...



Jour 4 - Glasgow & Loch Lomond

Pour mon dernier jour (je repartais le lendemain matin) nous nous sommes promenées à Glasgow : nous avons été voir le musée des transports (très sympa). J'ai beaucoup aimé cette affiche, que vous ne verrez jamais dans le métro londonien :


Puis on s'est promenées le long de la rivière, et j'ai pu admirer quelques éléments d'architecture moderne de Glasgow.


J'ai bien aimé celui-là, même s'il a une forme d'insecte.


Si vous trouvez que ce pont n'a rien de spécial, allez l'expliquer aux locaux, apparemment ils considèrent ça comme quelque chose à voir...

On est ensuite allées aux Loch Lomond. J'ai appris qu'il ne fallait pas dire "lac" parce que "lac" sous-entendait que le lac appartenait aux Anglais, tandis qu'un "loch" appartient à l'Ecosse. Il ne resterait plus qu'un lac qui appartient encore à un Anglais en Ecosse (si j'étais lui, je serais un peu angoissée pour ma sécurité, mais bon).
J'ai demandé naïvement en arrivant s'il était possible de faire le tour du Loch. Réponse : le Loch en question fait 37km de long et 8km de large, alors à moins que je puisse rester une semaine de plus... J'ai quand-même apprécié la ballade (mis à part un côté du lac qui est occupé par des parking, des complexes très modernes avec des boutiques ultra-chic, le paysage est magnifique).



La journée a été complète puisque... J'ai vu mon premier renard !!! Je lui ai couru après pour l'attraper mais il s'est carapaté aussi sec. Dommage...



Et soudain, avant que j'ai le temps de réaliser, mon séjour était fini, il a fallut reprendre le train en sens inverse... (J'ai bien pensé à rater mon train, mais...).




Time is running out, comme disent les Anglais.

(Et avec tout ça, j'ai oublié de vérifier ce qu'il y a sous le kilt des Ecossais... Zut)