mercredi 26 septembre 2012

Chapitre 4 - Petit guide de survie en milieu londonien ie hostile

Petit précis de survie en milieu londonien hostile, qui pourra peut-être vous sauver la vie. 
Pourquoi ne pas le faire à la manière des surréalistes ? Écrivons au fil de la plume, comme me viennent les idées (l'écriture automatique, que ça s'appelle mais peut-être est-ce juste une référence littéraire gratuite pour justifier que j'ai la flemme de faire un plan).

1) Feel sorry to be Frenchie. Venir ici m'aura au moins servi à une chose : me rendre compte de mon terrible accent français. Paraît que psychologiquement parlant, l'acceptation est le premier pas vers la cicatrisation (mon cas n'est peut-être pas désespéré). Comprendre les gens est chose assez ardue, surtout que d'aucun parlent un anglais très anglais aussi épais qu'un bon vieux pork pie. Ils entendent mon accent français, ils savent que je suis française, mais pour autant ils ne prennent pas la peine de ralentir ou de s'expliquer. Top 3 des phrases les plus prononcées à ce jour : "Can you help me", "sorry i don't understand", "sorry I'm French" (sous entendu : non seulement je ne sais pas parler votre langue, mais en plus je suis française : je possède vraiment toutes les tares).

2) Ne vous fiez pas à google map. Je me suis perdue par sa faute (j'y arrive pourtant très bien toute seule) car pour une raison mystérieuse, Google maps est ici persuadé que les Anglais ont tous un parapluie magique comme Mary Poppins et peuvent voler à travers les murs. 

3) The number of French is too damn high. Il y a beaucoup de français dans le coin, suffisamment pour s'organiser des fêtes camemberts-champagnes (deux semaines d'expat et je vous assure que ça vous met l'eau à la bouche).

4) Don't trust English. Mon instinct de Française me déconseille de croire les Anglais, je n'y peux rien, c'est instinctif. Quand il y a marqué devant le passage piéton "look right", je look left des fois que ce soit un piège pour que les touristes français se fassent écraser. De même, je les suppose de cacher Big Ben et d'avoir mis un fake pour piéger les touristes innocents : celui que j'ai vu est trop doré, clinquant, bling bling, pour faire vraiment authentique... Il faut dire qu'ils font tout pour nous faire remarquer qu'ils ne sont pas comme nous, notamment inverser les escalators (celui de gauche monte, celui de droite descend... ça ne paraît rien comme ça mais allez à Londres et vous aurez de belles heures de casse-gueule rigolade en perspective).

5) Eat. Contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, il est possible de manger pour un prix relativement abordable (autour de 5-7 livres) à Londres. De la nourriture anglaise bien sûr, c'est à vous de juger... Autre fait notable : le thé n'est absolument pas cher, à peine 1 pounds dans les pubs (et parfois, aller dans un pub d'allure chic vous coûtera moins cher qu'un bar classique, même dans le centre de Londres...). Super pour moi qui ne boit quasiment que ça (j'ai acheté deux bouteilles d'eau depuis que je suis arrivée et je ne les aies toujours pas terminées tellement je ne bois que du thé). 

6) Walk - Taking English transport is way too dangerous. Marcher est une solution idéale pour découvrir la ville, qui est somme toute assez sympathique. Il y a beaucoup de choses à voir à Londres, tant la ville ressemble à un patchwork de tous les styles, toutes les époques. Il faut fureter et avoir de la chance... Et pour cela, faire les trajets à pieds ! 
Les transports à Londres sont de toute façon trop chers si vous êtes un prolétaire, vous n'aurez pas vraiment le choix des armes (30 pounds de dépensés en transports la première semaine...). Préférez le bus pass, vous y trouverez votre compte (de toute façon, le métro londonien est farceur, avec ses stations qui n'ouvrent qu'à des conditions très précises et sont fermées la plupart du temps quand vous en avez besoin). Les bus à Londres, c'est folklorique. Certes, vous allez à peine plus vite en bus qu'à pieds tellement il y a de trafic, mais bon, ça permet de découvrir la ville vu que ledit bus s'arrête toutes les cinq minutes pendant dix minutes
Le bus aussi est farceur, remarquez. Le conducteur peut très bien décider à mi-trajet que, finalement, il va s'arrêter là... Je prends quand à moi le désormais fameux RV1 (prononcez : awhhhhviwouane à l'anglaise) pour aller de ma résidence à mon campus. Pourquoi fameux ? Parce qu'il m'est arrivé justement de devoir descendre à mi-chemin parce que le conducteur avait changé d'avis, parce qu'il faut l'attendre 20 minutes et qu'il est presque plus rapide d'aller à pieds... Mais bon, contrairement à mes camarades qui s'en sont rapidement lassés, je l'aime bien moi ce bus. Je me suis attachée à lui. Avec les autres rescapés du RV1, nous lui avons trouvé un surnom, Hervé (dérivé de son nom francisé, "èrvéwouane"). On a fini par s'apercevoir que cela donnait lieu à des conversations bizarres (genre : "je prends Hervé plusieurs fois par jour") mais bon les gens autour ne sont pas censés comprendre ce qu'on dit, non ? 
J'aime aussi beaucoup marcher, étant donné que vivant près de London Bridge (et mon campus étant collé à Somerset House, à côté du Waterloo Bridge) je peux me permettre de longer la Tamise... So romantic.)

7) "La 3A, l'année de ma vie". LA phrase qui ressort des rapports publiés sur le site de la DAIE (en espérant qu'ils n'aient pas été photoshopés et que tout cela ne soit pas un énorme mensonge). Donc, essayer de faire de cette année une année exceptionnelle... en faisant des choses exceptionnelles dans le sens premier du terme, c'est à dire qui sortent de l'ordinaire. C'est ainsi que je me retrouve inscrite à la ukulélé society (projet tout nouveau tout beau, because playing guitare is too mainstream), et que je commence à apprendre le japonais (projet que j'ai depuis un certain temps et que je ne commencerai jamais si je ne me lance pas maintenant). Il n'est pas dit que je ne m'achèterai pas un unicycle pour aller de la maison au campus. 

8) Survivre à la première semaine (un guide de survie qui vous conseille de survivre... Vous n'y auriez pas pensé par vous-même, hein ?). Le rythme de la première semaine est très dur, entre les démarches (passer à la banque, régler les détails administratifs...). Avoir ses cours est un vrai parcours du combattant, à tel point que j'en suis nostalgique des inscriptions pédagogiques de Sciences Po où on a cinq minutes pour choisir ses cours... aaaaaaaand it's gone... Vous n'en dormez pas trois semaines à l'avance, il vous faut six mois de thérapie après, mais au moins quand c'est fait, c'est fait... Ici les choses traînent beaucoup en longueur. Mais je suppose que d'ici la fin de la semaine tout sera réglé et que je vivrai heureuse pour la fin des dix mois que j'ai à passer ici (enfin, disons plutôt que ça relève du domaine de la foi mais bon...). J'ai tellement couru la première semaine un peu partout à sortir pour rencontrer les gens et autre que je n'en ai eu aucun temps pour moi même, pour ce blog, ou pour quoi que ce soit d'autre. Jusqu'à en arriver un peu à saturation, je dois l'avouer... Je n'ai même pas pu faire de visites la première semaine, je me rattrape cette semaine. 

9) Read. Franchement, c'est tellement le principe de base que ce devrait être dans la Bible. Ici, il est possible de trouver dans les charity shops des livres, classiques ou plus récents, pour 2 pounds seulement, ce serait dommage de s'en priver ! à ce prix là, j'ai même décidé que je n'amènerai plus de livre français (parce qu'il faut quand même se les trimballer, les cocos...). J'ai le projet de m'acheter les Harry Potter pour les relire en Anglais. Je me suis inscrite à la Harry Potter society, même si vu l'activité intense de leur page facebook il est très possible que Voldemort les ai retrouvés...

10) Être vachement trop sociable en mode "oh my god I just met you and know we are so BFF" (bref, tout le contraire de d'habitude) quand vous êtes dans une coloc à 13 (là, c'est le moment de vous étouffer avec votre café/thé/eau ou que sais-je ; superstitieux s'abstenir). Je suis au 7ème étage, et il faut dire que je suis particulièrement bien tombée : la plupart de mes colocataires sont anglais, et ils sont tous vraiment adorables (tant mieux, sinon cela serait rapidement devenu invivable). Il y a toujours quelqu'un pour discuter dans la cuisine, il y a un côté vraiment très convivial ma foi fort sympathique. Il y a deux ou trois douches et toilettes et pour le moment le partage de ces espaces n'a pas posé de problème, je trouve toujours une douche ou un wc de libre quand j'en ai besoin, alors que je pensais que ce serait assez difficile (même si se lever à 5h du matin et devoir emporter sa clé avec soi pour aller aux wc reste une expérience que j'aimerais ne pas avoir à réitérer trop souvent pour une raison qui vous échappera sans doute, aventureux lecteurs que vous êtes). Partager la cuisine est un peu compliqué, dans le sens où les gens laissent beaucoup traîner leurs affaires, ce qui va nécessiter une petite mise au point (mais le fait qu'on s'entende bien aide). J'ai beaucoup sociabilisé cette semaine et je me suis fait pleins de potos (surtout français pour le moment). C'est sans doute l'euphorie de la 3A qui me fait trouver que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". 

11) Les Anglais ont une vision particulière de l'Histoire, ne soyez pas étonnés. Le premier jour, la professeure qui faisait le welcoming nous a expliqué que l'histoire de Londres était très différente de celle de la France car "to sum up, in London, during the history, stuffs happened". Si c'est la vision qu'ils ont de leur histoire, je pense que je devrais ne pas trop avoir de mal à écrire mes essays d'histoire et à comprendre de quoi il retourne. 
Précisons également que j'ai vu à la National Gallery une plaque mentionner pudiquement les "troubles de l'été 1789 en France". Bref, c'est particulier. 

12) Les londoniens sont très traumatisés par les incendies depuis 1666. C'est arrivé et ils n'ont jamais vraiment cicatrisés : il leur faudrait une bonne thérapie de groupe... J'en veux pour preuve que le premier jours, lors d'une session sur la rédaction d'un essay, l'alarme incendie fut déclenchée comme entraînement. Dès le départ, ça pose le cadre. De même, les normes incendies sont l'une des premières choses qu'on nous a expliqué à la résidence...

13) Petite info absolument indispensable pour tous vos déplacements à Londres : vous pouvez vous déplacer d'un point à l'autre de Londres en utilisant comme moyen de transport les émirats arab airlines. C'est une histoire vraie : allez sur le site tfl (Transport For London), sélectionnez la recherche avancée de trajet, et vous verrez que cela figure parmi les moyens de transports proposés... Because taking the bus is too mainstream. 

Si vous suivez ces quelques conseils de base, vous devriez survivre à votre première semaine - si le RV1 ne vous a pas écrasé avant. 

2 commentaires:

  1. Hervé a l'air vachement sympa ! Faudra que je le prenne un de ces jours ! Et sinon mon beloved bus 43 va direct de chez moi au London Bridge, donc ça devrait pas être bien dur de se voir ! :D

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    1. Hervé est une attraction touristique à lui tout seul : encore plus de sensations fortes que le London Eye pour seulement deux pounds, que demande le peuple ? Je vais tâcher de repérer où passe ce bus 43 ;)

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